Le numérique transforme notre société, mais il soulève également des défis environnementaux importants, notamment pour les PME qui peuvent le percevoir comme éloigné de leurs préoccupations quotidiennes. Le numérique responsable apparaît comme une solution pour allier innovation, performance et respect de l’environnement.
Cet article explore les bénéfices de cette démarche pour les PME, en mettant en évidence les impacts environnementaux du numérique et les actions concrètes à adopter. Découvrez pourquoi cette approche peut être une stratégie à la fois durable et rentable et télécharger notre outil de bonnes pratiques en bas de la page.
Les impacts environnementaux du numérique
Selon l’ADEME, le secteur du numérique est responsable de 4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, soit 1,5 fois celles du secteur aérien. Si la tendance se poursuit, d’ici cette année, il atteindra le niveau actuel du secteur de l’automobile.
En moyenne, selon l’Institut Supérieur de l’Environnement, dans le monde, 80 % de l’empreinte carbone d’un smartphone est réalisée avant sa première minute d’utilisation : lutter contre la pollution numérique c’est donc d’abord utiliser moins d’objets informatiques et les faire durer plus longtemps. Seulement 20 % concerne son utilisation.
C'est une réalité souvent ignorée. En effet le journal numérique Carbo souligne, qu’avant d'arriver dans des magasins aux façades impeccables et modernes, les smartphones, ordinateurs et autres appareils numériques ont parcouru des milliers de kilomètres et ont traversé une chaîne de fabrication énergivore, dépendante des énergies fossiles. Cela inclut l'extraction minière de composants essentiels, comme les métaux rares, l'assemblage des produits à des milliers de kilomètres de leur destination finale, et leur transport vers les points de vente. De plus, la production de ces technologies entraîne une consommation excessive de ressources telles que l'eau et l'électricité, tout en reposant sur une main-d'œuvre souvent exploitée dans de mauvaises conditions de travail. Cette chaîne de production peut également engendrer des conflits politiques et économiques entre les pays.
Par ailleurs, avec l’essor des technologies comme l’intelligence artificielle (IA), ces impacts environnementaux s’aggravent. En effet, les systèmes d’IA nécessitent des quantités massives de données à traiter, ce qui augmente encore plus la consommation énergétique.
Selon France info, la politesse a un coût, et pas des moindres. Sam Altman, PDG d’OpenAI, l’entreprise à l’origine de ChatGPT affirme que les formules de courtoisie insérées dans les requêtes envoyées à son agent conversationnel représentent une dépense non négligeable. Sur le réseau X, il explique que les « bonjour », « merci » et autres « s’il te plaît » coûtent à sa société des dizaines de millions de dollars en électricité.
En cause : la puissance de calcul nécessaire pour générer chaque réponse. Selon l’Agence internationale de l’énergie, une requête sur ChatGPT peut consommer jusqu’à dix fois plus d’électricité que la même question posée sur Google. Une consommation énergétique qui ne fera qu’augmenter à mesure que les intelligences artificielles génératives gagneront en complexité et en capacité de traitement.
À cela s’ajoute une consommation importante d’eau, notamment pour le refroidissement des serveurs. Des ressources précieuses que l’on pourrait en partie économiser… en évitant les formules de politesse.
Le numérique responsable: une démarche environnementale, économique et sociétale
Selon l’Institut du Numérique Responsable, L'expression "sobriété numérique" a été introduite en 2008 par l'association GreenIT.fr pour désigner une démarche visant à concevoir des services numériques responsables et à modérer l’usage des technologies. Depuis 2014, on parle davantage de "numérique responsable", une approche qui réduit l’empreinte économique, écologique, sociale et sociétale des technologies de l’information, tout en contribuant aux objectifs de développement durable.
Le numérique responsable repose sur deux concepts principaux : la sobriété numérique, qui minimise l'impact environnemental en intégrant des pratiques écoresponsables tout au long du cycle de vie d’un service numérique, et l'inclusion numérique, qui vise à rendre les services accessibles à tous, y compris aux personnes en situation de handicap, selon les critères du Référentiel Général d'Amélioration de l'Accessibilité (RGAA).
Les axes stratégiques du numérique responsable
Les stratégies pour un numérique responsable reposent sur plusieurs axes clés selon l’Institut du Numérique Responsable :
- Limiter les impacts et la consommation : Réduire les effets négatifs du numérique sur l’environnement tout en optimisant les ressources.
- Rendre les services accessibles, inclusifs et durables : Assurer que toutes les personnes, quelle que soit leur situation, aient un accès égal aux services numériques.
- Rendre les services éthiques et responsables : Veiller à ce que les technologies respectent les principes d’éthique, en matière de respect de la vie privée, de gestion des données, etc.
- Favoriser la résilience des organisations : Adopter des pratiques permettant aux entreprises de s’adapter et de prospérer face aux défis liés au numérique.
- Encourager l’émergence de nouveaux comportements et valeurs : Promouvoir des usages responsables et durables des technologies numériques.
Il est essentiel d’adopter la méthode des 5 R: refuser, réduire, réutiliser, recycler et réparer, afin de maximiser l'impact positif de nos actions sur l’environnement.
L'accessibilité numérique : une nouvelle étape réglementaire
Depuis quelques années, l'accessibilité numérique a franchi une nouvelle étape législative. À compter du 28 juin 2025, l’obligation d’accessibilité numérique concerne non seulement les acteurs publics, mais aussi les entreprises du secteur privé, en particulier celles exploitant des sites de e-commerce et des services en ligne payants. Cette réglementation impactera les sites web, les applications mobiles, ainsi que des produits numériques comme les livres électroniques et les services bancaires, assurant ainsi un accès équitable aux technologies pour tous.
Le numérique responsable : vers un modèle durable
Dans le contexte actuel, où les PME sont de plus en plus poussées à intégrer les enjeux environnementaux et sociaux, le numérique devient essentiel. Il permet de réduire les impacts du numérique tout en optimisant la gestion des ressources. Pour les PME, cela signifie repenser l’usage des technologies pour allier efficacité et respect de l’environnement, en adoptant des pratiques durables et responsables. Selon l’ADEME, le numérique responsable permet de :
- Réduire les coûts : En optimisant la consommation énergétique (équipements sobres, suppression de fichiers inutiles, maintenance des appareils…), les entreprises réduisent leurs factures tout en allongeant la durée de vie de leurs équipements. La dématérialisation (télétravail, digitalisation) permet également de limiter les dépenses liées aux infrastructures physiques.
- Accéder à de nouvelles opportunités : L’engagement dans le numérique responsable devient un atout concurrentiel. De plus en plus d’appels d’offres publics et privés incluent des critères de durabilité numérique. D’ici 2027, 25 % des DSI seront évalués sur l’impact de leurs technologies durables (source : Gartner France).
- Anticiper les obligations réglementaires : Les réglementations se durcissent (RGPD, loi AGEC, REEN, RGAA…), et les entreprises proactives sécurisent leur conformité actuelle tout en se préparant aux exigences futures.
- Renforcer son image et la confiance : Une stratégie numérique éthique valorise l’image de marque et fidélise les clients. L’éco-conception et l’accessibilité permettent de proposer des services plus inclusifs, durables et intuitifs.
- Réduire le gaspillage et favoriser l’économie circulaire : Réparation, réutilisation et partage d’équipements limitent les déchets électroniques et ouvrent la voie à de nouveaux modèles économiques durables.
- Placer l’humain au cœur du numérique : Le numérique responsable contribue à l’inclusion numérique, respecte le droit à la déconnexion, protège les données personnelles et lutte contre la fracture numérique.
Face à l’urgence écologique et aux attentes sociétales, le numérique responsable s’impose comme un levier clé de performance, d’innovation et de durabilité.
Comment adopter une stratégie numérique responsable?
Le numérique est essentiel pour les PME, mais son impact environnemental, lié à la fabrication et à l’utilisation des équipements, n’est pas négligeable. Adopter une démarche de numérique responsable est donc crucial pour minimiser cet impact tout en optimisant les ressources.
Nous vous présentons ci-dessous des bonnes pratiques, inspirées rédigé par MiNumEco, mission interministérielle numérique éco responsable, la Direction interministérielle du numérique (DINUM), le Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, l’institut du Numérique Responsable (INR) que nous vous invitons à lire, couvrant le cycle de vie du matériel.
En les appliquant, les entreprises peuvent améliorer leur performance énergétique, réduire leur empreinte carbone et renforcer leur engagement social et éthique, contribuant ainsi à un numérique plus responsable.
Ces pratiques visent à réduire l’empreinte écologique des entreprises tout en répondant à leurs enjeux économiques. Elles abordent des axes tels que :
La stratégie et gouvernance :
- Nommer un référent numérique responsable : Désignez une personne en interne pour coordonner la démarche et assurer le suivi des actions.
- Élaborer un plan d’action : Définissez des objectifs clairs et mesurables pour intégrer progressivement le numérique responsable dans votre organisation.
- Suivre des indicateurs de performance : Mettez en place des indicateurs simples pour évaluer l’impact de vos actions (ex. : consommation énergétique, taux de réutilisation des équipements).
- Allouer un budget dédié : Prévoyez un budget spécifique pour financer les initiatives liées au numérique responsable.
- Formaliser la démarche : Rédigez une charte ou un manifeste pour affirmer votre engagement et sensibiliser vos parties prenantes.
Sensibilisation et formation :
- Sensibiliser les collaborateurs : Organisez des sessions d'information pour expliquer les enjeux du numérique responsable et les bonnes pratiques à adopter.
- Intégrer le numérique responsable dans la formation : Ajoutez des modules spécifiques dans le plan de formation pour développer les compétences internes.
- Former à la réparation des équipements : Encouragez la formation de certains collaborateurs à la maintenance et à la réparation des équipements pour prolonger leur durée de vie.
Gestion des équipements :
- Réduire le nombre d’équipements : Évaluez les besoins réels pour éviter les achats superflus.
- Mettre à jour plutôt que remplacer : Prolongez la durée de vie des équipements en effectuant des mises à jour logicielles et matérielles lorsque cela est possible.
- Réaffecter les équipements en interne : Redistribuez les équipements inutilisés à d'autres services ou collaborateurs.
- Opter pour la location fonctionnelle : Envisagez la location d'équipements pour une flexibilité accrue et une meilleure gestion des ressources.
- Entretenir régulièrement les équipements : Mettez en place des procédures d'entretien pour prévenir les pannes et optimiser la performance.
Bonnes pratiques spécifiques à l'achat :
- Privilégier le matériel reconditionné : L’achat d'équipements reconditionnés permet d’éviter la fabrication de nouveaux appareils, réduisant ainsi l’empreinte carbone et la consommation de ressources.
- Choisir du matériel durable et réparable : Optez pour des produits durables, réparables, et éco-conçus. Les labels comme l'indice de réparabilité et les certifications environnementales (EPEAT, Écolabel européen, l’Ange Bleu, Écolabel nordique) sont des bons indicateurs.
Usage quotidien :
- Optimiser les paramètres par défaut : Configurez les équipements pour une consommation énergétique minimale (ex. : mode veille, luminosité réduite).
- Gérer efficacement les données : Supprimez régulièrement les fichiers inutiles et archivez les données anciennes pour alléger les systèmes.
- Réduire l'impact de la messagerie : Nettoyez régulièrement votre boîte mail et limitez l'envoi de pièces jointes volumineuses.
- Adopter des pratiques d'impression responsables : Imprimez uniquement lorsque nécessaire et en recto-verso pour économiser le papier.
- Passer en mode sombre : Le mode sombre consomme moins d’énergie, en particulier sur les écrans OLED, et permet de prolonger l’autonomie des appareils jusqu’à 6 fois tout en diminuant la fatigue oculaire.
- Favoriser les appels vocaux plutôt que la visio : La visioconférence utilise beaucoup de bande passante et de puissance de calcul. L’appel vocal est plus sobre et tout aussi efficace.
Bonnes pratiques pour la navigation sur Internet :
- Nettoyer régulièrement sa boîte mail : Chaque mail stocké consomme de l’énergie dans des data centers. Un nettoyage régulier permet de réduire cet impact. 20 mails par jour = 100 km parcourus en voiture en pollution équivalente.
- Utiliser un moteur de recherche éco-responsable : Moteurs comme Ecosia financent des projets de reforestation, ce qui rend l’usage du web « plus écologique ».
- Choisir un hébergement web écologique : En optant pour des hébergeurs qui utilisent des énergies renouvelables et des solutions de refroidissement passif tels que Infomaniak, PlanetHoster, Ex2, vous réduisez votre empreinte énergétique
Fin de vie des équipements :
- Réemployer les équipements fonctionnels : Donnez ou vendez les équipements encore en état de marche à des associations ou d'autres entreprises.
- Faire appel à des éco-organismes : Confiez la gestion des déchets électroniques à des structures agréées pour assurer un recyclage conforme.
- Tenir un registre des déchets : Suivez les quantités et types de déchets générés pour améliorer la gestion et la réduction des déchets à l'avenir.
Vous pouvez trouver en pièce jointe, tout en bas de l'article, un tableau Excel recensant les bonnes pratiques. Ce document peut servir de tableau de bord pour assurer le suivi et la mise en œuvre de ces pratiques.
Sources :
https://www.hellocarbo.com/blog/reduire/numerique-responsable-guide/
https://www.hellocarbo.com/blog/calculer/impact-du-numerique-sur-l-environnement/
https://www.academie-nr.org/#mooc-nr
https://agirpourlatransition.ademe.fr/entreprises/node/52624#pollution-numerique
